Whanganui Journey : une bien belle Great Walk de 3 jours en solitaire sur la rivière Whanganui à bord d’un kayak.
Aventure sportive et nautique, observation de la faune et de la flore locale, cascades à profusion, réjouissance et rigolade dans les rapides, quiétude et bien-être : cette excursion ne manque pas d’attrait !
D’autant plus que c’est la seule Great Walk de Nouvelle-Zélande qui se pratique entièrement en canoë/kayak !
Jour 1 : Whakahoro to John Coull Hut = 37,5km
Départ de Raetihi avec la compagnie de location de canoë/kayak « Whanganui River Canoes ». Après 1h30 de route, arrivée à Whakahoro avec deux autres français.
Distribution des kayaks, pagaies, gilets de sauvetage, balise de secours et cartes. Un couple d’anglais et deux américaines partent le même jour en canoë avec une autre compagnie. Nous serons en tout 7 sur la rivière. Chacun se met à partir de son côté vers 10h du matin.
Pause lunch le midi au camping de Mangapapa après 1h45 de kayak. Je mange deux sandwichs au thon préparés la veille au soir.
L’après-midi, c’est le déluge. La pluie bat son plein et laisse place à la grêle. Je suis trempée et gelée. Les grêlons me tombent dans la bouche.
Le paysage est magnifique, je pagaie entre deux falaises rocheuses et luxuriantes de végétation. J’aperçois une quarantaine de cascades plus ou moins grandes, mais aussi une grotte, des kereru, des tui, des fantails, des canards et des oiseaux divers.
J’arrive en fin d’après-midi à la Hut de John Coull après 5h supplémentaire de kayak. Je suis glacée et je claque des dents. J’ai fait l’erreur de porter toutes mes couches de vêtement (4 en tout) le premier jour et je n’ai plus de vêtements secs à mettre. L’un des français a la bonté et la générosité de me prêter son manteau pour dormir.
Les articulations de mes bras me font mal et je fais quelques étirements.
Je me blottis près du feu et met mes vêtements à sécher (en vain). Je mange une salade de riz au thon/tomate/œufs au soir accompagnée d’une tasse chaude et fumante de Rooibos à la vanille.
Le soir, je tente de m’endormir dans mon sac de couchage malgré le froid qui m’étreint. Je me couche tôt vers 21h. Je n’aurais pas le courage de sortir dehors observer les chauves-souris en pleine nuit, que l’on ne peut apercevoir qu’en cet endroit.
Jour 2 : John Coull Hut to Tieke = 29km
Je me lève à 8h après une nuit récupératrice. Je ne ressens plus aucune douleur ni courbatures. Je mange une pomme et je remets mes vêtements mouillés. La sensation est très désagréable, d’autant plus avec la fraîcheur du matin.
Je reprends la route avec empressement, impatiente de me réchauffer à coup de pagaie. Le ciel n’est pas couvert, contrairement à la veille. Les collines autour de moi sont recouvertes par la brousse. Le paysage est magnifique, je suis comblée. Je peux apercevoir des fougères, des hêtres, des sortes de palmiers etc…
Après une heure sur le cours d’eau, je coince mon kayak sur un lit rocheux dans les rapides, en plein milieu de la rivière.
Je descends de mon kayak pour le pousser hors des rochers mais il se fait emporter par les rapides. Je le retiens de justesse avec la corde mais j’aurais beaucoup de mal à remonter en son sein, les rapides l’emportant et m’enfonçant de plus en plus profondément dans la rivière.
Je retrouve plus tard les deux autres français qui me confieront la balise de secours par mesure de sûreté.
Le midi, arrêt à Mangapurua après 3h de kayak. Petite randonnée de 20-30min jusqu’au fameux « Bridge to Nowhere ». Il se remet à pleuvoir. Je mange mes deux derniers sandwichs au thon sous un ciel grisâtre.
Je redescends ensuite vers la berge afin de reprendre possession de mon kayak. Il est accroché le long d’une paroi rocheuse. La berge est déjà prise par des adolescents en canoë en sortie avec une guide.
Je vais devoir enjamber et descendre la paroi rocheuse pour remonter dans mon kayak. Je ne me sens pas en confiance.
Je pose mon pied sur le kayak qui s’éloigne de moi. Je fais le grand écart au-dessus de l’eau puis je passe rapidement mon deuxième pied. Je me retrouve à faire le pont, le dos voûté et penché en arrière. Deux pieds sur le kayak, mes deux mains agrippées à la paroi rocheuse.
Je crois de toutes mes forces pouvoir remonter dans le kayak, j’en suis convaincu, je peux y arriver !
Mais l’inévitable arriva… Le kayak s’éloigna de la paroi encore plus et PLOUF ! Je tombais à l’eau…
Ce fut la douche froide, l’eau était glacée ! La guide qui accompagne les adolescents me tend une corde pour remonter et elle remet mon kayak à l’endroit.
Je claque des dents mais au moins, la pluie s’est arrêtée. J’ai encore 2h de kayak jusqu’à la hut de Tieke normalement. Mais j’ai tellement froid que je parcours les 11km restant en 1h. Vers la fin, la pluie se remet à tomber et je pagaie d’autant plus vite.
Les falaises rocheuses laissent place à un paysage plus vallonnée. Je croise des moutons, des chèvres, des vaches, des veaux et une famille d’oie.
Lorsque j’arrive à la hut de Tieke, je me sens frigide. Je suis d’autant plus désappointée que je n’ai pas de vêtements sec à m’enfiler exception faite de mon jogging pour dormir.
Fort heureusement, mon compagnon français de la veille me prêtera deux vestes supplémentaires pour la nuit. Et Kate, l’une des deux américaines, me prêtera une serviette pour me sécher.
Les alentours de la hut de Tieke sont magnifiques avec la présence d’un Marae et d’un totem Maori. Les Te Whānau o Tieke, une famille maori, habitent la communauté de Tieke Kāinga.
Je finis ma salade de riz de la veille, accompagnée d’un thé vert à la menthe réconfortant près du feu. Je me couche vers 21h30.
Jour 3 : Tieke to Pipiriki = 21,5km
Je me lève à 7h. C’est le dernier jour. Je n’ai absolument pas faim et reprend la route en kayak sans petit déjeuner. Je me sens déjà nostalgique. Je n’ai pas vu les jours précédent passer.
J’essaye de prendre mon temps pour profiter de l’environnement naturel d’une beauté sauvage.
Après 12,5km, j’arrive au camping de Ngaporo. Juste avant le camping, la rivière lance des défis avec des rapides conséquents mais de courte durée. Je me délecte de cette distraction et je suis toute excitée.
Deux ou trois jets boat emplis de touristes passent par là au même moment. Leurs vagues atteignent mon kayak qui tangue très fortement.
Je descends ensuite de mon kayak pour le remonter sur la berge afin de prendre mon lunch vers 10h du matin. J’ai un petit creux. Je mange deux petites boîtes de thon et je remonte dans mon embarcation.
La journée est sublime, la météo est généreuse en ce jour. Il fait un grand soleil et le ciel est bleu. Aucune pluie ne vient gâcher la cheminée.
Je parcours les 9,5km restant dans la sérénité, l’esprit quiet.
Vers la fin, 200m avant Pipiriki, je prends un grand plaisir à foncer droit dans les rapides et à les prendre de plein fouet. Je m’amuse follement.
Mais ma randonnée nautique arrive à son terme et je quitte mon kayak avec regret.
Je me sens néanmoins heureuse et satisfaite de cette magnifique balade de 3 jours à travers les flots paisibles et tumultueux selon les moments, de Whanganui River.
J’arrive donc à Pipiriki aux alentours de midi. Je suis trempée, encore une fois. Ma compagnie de location n’arrivera que vers 14h. Je prends mon mal en patience, ou plutôt le froid qui m’envahie et me glace de l’intérieur.
A 14h enfin, la compagnie arrive. La personne en charge me confie un polaire et met le chauffage à fond dans la voiture. Je lui en suis reconnaissante.
Après 40 minutes de route, nous arrivons à Raetihi où j’aurais le droit à une douche chaude gratuite, à une boisson chaude et à des frites.
Le personnel fut extrêmement amical et sympathique, c’est une petite entreprise familiale que je recommande fortement.
Mon voyage fut mémorable et c’est actuellement l’un de mes meilleurs souvenirs dans le pays des kiwis.
Accessoirement, Whanganui Journey fut aussi ma première Great Walk en Nouvelle-Zélande.
Mais il n’est pas question de me reposer sur mes lauriers, il me reste encore 9 autres Great Walk à expérimenter et presque autant de plaisir à ressentir au sein de ces grands espaces sauvages et de ces étendues de végétation sans limite !
“La nature à chaque instant s’occupe de votre bien-être. Elle n’a pas d’autre fin. Ne lui résistez pas.”
Henry David Thoreau
Informations pratique :
Whanganui Journey est une Great Walk situé dans le parc national de Whanganui dans le Manawatu, qui peut se pratiquer au choix en 5 jours au départ de Taumarunui (145km), ou en 3 jours au départ de Whakahoro (87km).
En haute saison (1er octobre au 30 avril), il est indispensable de réserver ses nuits en camping (15$ la nuit) ou en hut (32$ la nuit) sur le site du DOC.
En basse saison (1er mai au 30 septembre), les réservations ne sont pas nécessaires. C’est premier arrivé, premier servi. Les campings du DOC sont gratuits et les hut sont à 15$ la nuit.
J’ai pratiqué cette randonnée à la fin de l’hiver, les températures étaient fraîche et les nuits froide mais j’avais l’avantage de me retrouver seule au milieu de nulle part. En été, vous aurez du mal à vous retrouver complètement isolé et vous croiserez souvent des canoës devant et derrière vous.
Vous pouvez pratiquer cette GW soit en kayak soit en canoë (embarquement le plus fréquemment emprunté).
Les sociétés de location sont nombreuses et se situent pour la plupart à Ohakune ou à Raetihi.
Attention cependant, vous ne pourrez pas louer un kayak si vous êtes seul. Vous devrez vous joindre à un groupe existant pour le début. Libre à vous ensuite de vous séparer et de continuer chacun de votre côté.
En basse saison, c’est plus problématique pour se joindre à un groupe car il n’en existe pas forcément, ce qui fut mon cas. J’ai dû m’arranger avec deux français sur facebook pour faire coïncider leur départ avec le mien afin de pouvoir louer un kayak.
J’ai payé 180$ pour 3 jours de location de kayak. Plus le groupe est nombreux, moins c’est coûteux.
Il existe aussi des options guidées et bien plus chers (700$ à 950$).
A mon sens néanmoins, cette randonnée est bien mieux en étant libre et sans accompagnement quelconque. Vous pourrez vous ressourcer au sein des flots de la rivière, vous laisser bercer par le courant des vagues, écouter le chant mélodieux des oiseaux et contempler sans pression les cascades à foison qui jalonnent la rivière…
Si vous avez un kayak, vous aurez le droit à un seul bidon en plastique pour ranger vos affaires. Si vous êtes en canoë, vous aurez le droit à deux bidons en plastique par personne (un grand et un petit).
Les rapides de cette rivière sont classés grade 1 et 2, l’expérience n’est donc pas indispensable pour entamer cette traversée et les personnes peu expérimentés peuvent s’y risquer.
Enfin, sachez qu’il n’y a pas de réseau téléphonique le long de la rivière.
Quelques sociétés de locations :
http://whanganuirivercanoes.co.nz/ (celle que j’ai prise, petite entreprise familiale fort sympathique ! Parking gratuit pour laisser votre véhicule, casier, boisson chaude au briefing. Transport et navette inclus. Douche chaude, lunch et boissons gratuites à la fin du périple)
https://yetitours.co.nz/ (société qu’ont pris les deux américaines et le couple anglais avec moi en hut)
https://www.canoewhanganuiriver.com/
https://www.canoesafaris.co.nz/
Ce que j’aurais voulu savoir avant / mes erreurs :
Avec le recul, j’aurais emporté plus de vêtements techniques avec moi. Je ne voulais pas m’encombrer et je pensais remettre les mêmes vêtements sur plusieurs jours, et porter mes vestes au soir pour dormir. Je n’avais pas prévu que je serais trempée chaque jour de la randonnée, que cela soit à cause de la météo, d’une chute à l’eau ou des rapides.
En outre, je n’aurais pas dû porter toutes mes couches de vêtement sur moi le premier jour (tee shirt longue manche en mérinos + micro-polaire + polaire + manteau North Face). J’aurais dû garder une veste au sec dans le bidon en plastique du kayak pour dormir le soir.
Petit aperçu vidéo :
Ainsi, perdue dans la nature, à l’écart du temps et de la société, dans des vallées incroyables, je n’avais aucune envie de finir cette randonnée. C’était magique et mon imagination fut en ébullition constamment.
Le deuxième jour par exemple, pagayant sur les flots marron de la rivière, j’imaginais être sur l’Amazone, les piranhas en moins. Bref, ce fut mémorable !
“Je voulais vivre intensément et sucer la moelle de la vie. Et ne pas, quand je viendrai à mourir, découvrir que je n’aurai pas vécu. »
Henry David Thoreau
Trop belles les photos !
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Merci beaucoup !
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